Article N° 8233

RÉSISTANCE AUX ANTIMICROBIENS

La résistance bactérienne progresse plus vite que les avancées médicales

Abderrahim Derraji - 01 décembre 2025 18:15

Selon un nouveau rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la résistance aux antibiotiques continue de progresser à un rythme alarmant. En 2023, un sixième des infections bactériennes confirmées dans le monde se sont révélées résistantes aux traitements antimicrobiens courants. Entre 2018 et 2023, plus de 40 % des couples bactérie–antibiotique surveillés ont montré une augmentation de la résistance, avec une progression annuelle moyenne comprise entre 5 % et 15 %.

Les données issues du Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS), alimenté par plus de 100 pays, soulignent une menace croissante pour la santé publique mondiale. La perte d’efficacité d’antibiotiques essentiels compromet la capacité à traiter des infections courantes et potentiellement graves.

Le Rapport mondial sur la surveillance de la résistance aux antibiotiques 2025 fournit pour la première fois des estimations globales de la résistance à 22 antibiotiques utilisés contre les infections urinaires, gastro-intestinales, sanguines et la gonorrhée. Il couvre huit agents pathogènes majeurs, dont Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus ou encore Streptococcus pneumoniae, responsables d’infections parmi les plus répandues.

La prévalence de la résistance varie fortement selon les régions. Les Régions OMS d’Asie du Sud-Est et de la Méditerranée orientale sont les plus touchées, avec une infection sur trois résistante, tandis que l’Afrique en enregistre une sur cinq. La situation est aggravée par les capacités limitées de diagnostic et de prise en charge dans les systèmes de santé les plus fragiles. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus rappelle que la résistance progresse plus vite que les avancées médicales et appelle à renforcer l’usage responsable des antibiotiques et l’accès universel aux médicaments, aux diagnostics et aux vaccins.

Les bactéries gram négatives constituent la menace la plus inquiétante. E. coli et K. pneumoniae, responsables d’infections sanguines sévères, montrent des niveaux résistance aux céphalosporines de troisième génération (traitement de référence) supérieur respectivement à 40 % et à 55%. En Afrique, cette résistance dépasse 70 %. La perte d’efficacité des carbapénèmes, autrefois considérés comme une solution de dernier recours, réduit encore les options thérapeutiques, particulièrement dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire où ces molécules sont coûteuses et souvent inaccessibles.

Malgré des progrès notables, le nombre de pays participant au GLASS a quadruplé entre 2016 et 2023. L’OMS appelle à des actions concertées, dans une approche «One helth», afin de renforcer les laboratoires, améliorer la qualité et le partage des données, et aligner les politiques nationales sur les profils locaux de résistance. L’OMS espère que d’ici 2030, tous les pays transmettent des données fiables sur la résistance et l’usage des antimicrobiens.

Source : OMS